Hans Hartung
Peintre
Hans Hartung est né en 1904 et mort en 1989. Il était un peintre allemand naturalisé français et l’un des pères de l’abstraction et du tachisme.
Entre huit et dix ans, alors qu’il résidait à Bâle avec ses parents, Hans Hartung se montra curieux d’astronomie et de photographie, mais déjà il avait manifesté un penchant pour le dessin qui allait s’accentuer pendant ses études classiques au lycée de Dresde. Sur ses cahiers, il trace en 1922 ses premiers dessins abstraits, élaborant ainsi les éléments fondamentaux de son langage graphique, auquel il trouve immédiatement une équivalence picturale avec ses aquarelles » tachistes » de la même année et qu’il confirme dans ses grands dessins carrés à la craie noire ou à la sanguine de 1923.
Spontanément — car il ignorait l’existence des premiers « abstraits » —, le jeune autodidacte avait établi les bases de son expression dynamique particulière. Hartung suit des cours de philosophie et d’histoire de l’art à l’université de Leipzig, fréquente les académies des beaux-arts de Dresde et de Leipzig, où il acquiert des connaissances techniques qu’il approfondira plus tard à Munich avec le professeur Max Doerner. Il avait eu au musée de Dresde la révélation des maîtres anciens : Holbein, Cranach, Greco, Hals, Rembrandt, dont il avait déjà fait des copies de dessins ou de gravures, comme il avait peint une de ses premières petites toiles en 1921 d’après une reproduction des Fusillades de Goya.
Hans Hartung s’intéresse aussi aux expressionnistes (Nolde et surtout Kokoschka) et découvre la peinture française moderne à l’Exposition internationale d’art à Dresde, en 1926. En 1925, il assiste à une conférence de Kandinsky, dont les propos doctrinaires sur l’esthétique du Bauhaus ne le séduisent pas, car il refuse d’aller étudier dans cette école, préférant voyager à travers l’Europe, séjourner sur le littoral méditerranéen et à Paris, où il passe les hivers de 1927 à 1929. Il fait sa première exposition à Dresde en 1931 et s’installe ensuite de 1932 à 1934 aux Baléares, à Minorque, où il peint ses premières peintures dites » taches d’encre « , qui développent ses dessins de 1922 à 1925 et qu’il continuera à Paris jusqu’en 1938. Après un séjour à Stockholm, il se rend à Berlin en 1935, mais, pour échapper au régime hitlérien, il quitte presque aussitôt l’Allemagne et vient s’établir à Paris.
Au moment de la guerre, il s’engage dans la Légion étrangère ; grièvement blessé, il doit être amputé de la jambe droite. L’année suivante, il obtient la nationalité française. De retour à Paris à l’été de 1945, il recommence à peindre et participe dès 1946 au Salon des réalités nouvelles et au Salon de mai, où il exposera ensuite régulièrement. En 1947, il fait sa première exposition personnelle à Paris (gal. Lydia Conti). Très rapidement, à mesure que se succèdent les étapes d’une création intensive, se développe l’intérêt général pour l’œuvre de Hartung, qui est reconnu en quelques années comme l’un des maîtres de l’art contemporain, tant par son originalité foncière que par l’influence qu’exerce bientôt sa nouvelle conception de l’art abstrait.
À l’opposé de l’esprit dogmatique de l’Abstraction géométrique qui s’était imposé à la jeune génération d’après guerre, l’art de Hans Hartung s’est caractérisé d’emblée par la liberté de son dynamisme subjectif, qui s’exprime dans les traces graphiques d’actes énergétiques spontanés. » Ce que j’aime, a-t-il déclaré, c’est agir sur la toile « , avançant ainsi, le premier, l’idée de la » peinture comme action « , qui devait être généralisée à New York avec l’Action Painting. L’importance de l’expression graphique chez Hartung est en partie à l’origine d’une valorisation du noir en tant que teinte majeure, qui s’est imposée pendant une assez longue période à tout un secteur de la peinture aussi bien figurative qu’abstraite (T. 1949-26, 1949, Stockholm, Moderna Museet).
Lui-même avait néanmoins été amené à matérialiser le champ d’action de son écriture, par la coloration de certains éléments, des grattages dans la peinture fraîche (1961) ou en nuançant les fonds de ses tableaux, qui, à partir de 1963, se présentent comme de vastes espaces d’une profondeur vibrante, griffée ou non par des réseaux arachnéens (T. 1967/H25, Paris, M. N. A. M.). Les toiles plus récentes accordent un rôle plus grand aux contrastes colorés et sont tantôt animées de stries vigoureuses ou d’arabesques rythmiques pour lesquelles il fait usage d’un large éventail d’instruments à peindre, y compris même parfois de branches d’arbre ou de genêt, tantôt occupées par de vastes taches dynamiques vaporisées à l’aérographe et exemptes de tout graphisme.
En même temps qu’il réalisait son œuvre peinte, Hartung n’a pas cessé de pratiquer le dessin, exécutant d’innombrables crayons et pastels, et, à plusieurs époques (1928, 1938), il s’est aussi consacré à la gravure, se montrant maître de toutes les techniques du cuivre, mais surtout en lithographie (à partir de 1946), dont il apprécie la souplesse. Il a également beaucoup pratiqué la photo et a réuni un matériel considérable, parfois exploité dans l’élaboration de ses peintures. La première exposition de ses photographies eut lieu en 1977 au Centre Noroit, Arras.
En 1980, une exposition au M. A. M. de la Ville de Paris fut consacrée à son œuvre de 1922 à 1939. Hartung est représenté dans la plupart des musées français et internationaux.